Selon la tradition, le bassin est le siège des émotions. Et avec un peu plus de précision, on dit que le pli de l’aine est la poubelle émotionnelle du corps. Autrement dit, c’est là que notre inconscient « jette » les sentiments, les choses vécues et douloureuses dont il ne veut plus entendre parler. Mais nous sommes bien d’accord : remplir des sacs poubelles et les accumuler ne sert pas à grand-chose, si ce n’est laisser leur contenu pourrir dans votre appartement. De temps en temps, il faut bien les descendre aux ordures, ces sacs. Eh bien en yoga, sortir les poubelles, c’est ouvrir le corps. Et se débarrasser des vieilles émotions négatives qui encombrent autant le mental que le cœur passe par l’ouverture du bassin, avec une conscience accrue sur ce fameux pli de l’aine à partir duquel tout doit se faire, d’un point de vue anatomique, comme énergétique.
Sukhasana, la posture du tailleur
Quelle différence y a-t-il entre un yogini débutant et grand pratiquant ? Le premier s’assoie en tailleur, le second en lotus. Le premier a les hanches encore verrouillées, le second a le bassin libéré. Donc oui, cette posture du tailleur, Sukhasana, est la première étape pour travailler l’ouverture du bassin. Mais encore faut-il prendre cette posture correctement, car il ne s’agit pas juste de s’asseoir par terre avec les jambes croisées. C’est, en réalité, un peu plus technique que ça…
Pour prendre la posture
Asseyez-vous au sol, ou sur une cale de yoga en liège si vous avez du mal à redresser la colonne vertébrale en assise. Avoir le dos parfaitement droit est indispensable pour cibler le travail sur les aines, et donc sur les hanches. Avec vos mains, tirez la chair des fesses vers l’arrière de façon à dégager vos ischions (les os pointus sous les fesses) et à les sentir bien ancrés dans le tapis. Votre coccyx ne doit pas toucher le sol. Vous allez ensuite croiser vos jambes, effectivement, mais sans ramener vos chevilles vers vous comme nous le faisons tous classiquement. L’idée est ici d’avoir les tibias parallèles à l’avant de votre tapis, avec le talon droit juste sous le genou gauche, et le talon gauche juste sous le genou droit. Autrement dit, le « socle » de votre assise forme un triangle, triangle au milieu duquel vous devez sentir que vous équilibrez les charges, le poids. Saisissez vos genoux dans vos mains, et en gardant le dos parfaitement droit et long, inclinez le buste vers l’avant (ne vous préoccupez pas d’aller loin ou pas, peu importe). Vous allez alors observer que ce sont bien les aines qui se fléchissent pour vous permettre cette inclinaison. Et vous allez également sentir vos hanches qui tirent un peu. C’est que vous y êtes ! Ne forcez pas, immobilisez-vous dans la posture et respirez en conscience à l’endroit de la sensation. Bien sûr, il vous faudra reproduire cette posture en inversant le croisement de vos jambes (la jambe derrière passe devant), et vous constaterez que ça tire un peu plus. C’est normal : instinctivement, on se place toujours dans l’assise qui nous est la plus confortable, bien qu’il faille travailler les deux pour ouvrir son bassin en toute cohérence.
Padahastasana, la posture de la main au pied (variation)
Le plus souvent, cette posture est envisagée pour travailler la souplesse de l’arrière de la cuisse lorsqu’elle est prise allongée, ou l’équilibre lorsqu’elle est tenue debout. Mais elle a aussi beaucoup d’intérêt lorsqu’on souhaite libérer le pli des aines. Il vous faudra pour cette variation 2 sangles de yoga. Mais si vous n’en possédez pas, remplacez-les avec des ceintures ou des sangles de peignoir.
Pour prendre la posture
Allongez-vous sur le dos, les jambes fléchies. Faites une boucle avec la première sangle, et passez votre jambe droite à l’intérieur pour avoir votre pied dirigé vers le plafond. Placez la sangle dans le pli de l’aine droite sans la faire vriller et venez mettre votre pied gauche dans la boucle de l’autre côté, en gardant le talon gauche au sol dans l’alignement de votre hanche gauche. Placez l’autre sangle derrière le talon droit levé, et tenez chaque côté avec une main sans crisper vos épaules. Essayez à présent de tendre la jambe droite en exerçant une poussée de votre talon dans la sangle, et tandis que vous essaierez de ramener la jambe vers vous (pas trop, ça n’est pas le but de la posture ici), vous allez résister avec le talon gauche au sol qui poussera dans le sens opposé grâce à la sangle en boucle. C’est cette contre-poussée qui permet de remettre de l’espace dans le pli de l’aine. Autrement dit, cette posture vous permet de vider votre poubelle émotionnelle ! Comme toujours, immobilisez-vous et respirez dans l’aine droite qui se libère, puis changez de côté.
Supta Badha Konasana, la posture de l’angle lié (variation au mur)
L’intérêt de travailler au sol et avec le mur lorsqu’on cible un objectif sur le bassin, c’est de garantir que le dos reste long et bien placé. On est à peu près certain que les alignements sont respectés et la précision de la posture n’en sera que meilleure.
Pour prendre la posture
Allongez-vous au sol avec votre tapis contre la plinthe d’un mur. Placez vos ischions contre la plinthe, et sentez que ce faisant, vos lombaires ne viennent pas « pousser » dans le sol. Commencez par tendre une seconde vos deux jambes contre le mur (vous pouvez d’ailleurs en profiter pour étirer votre corps tout entier en amenant les bras vers l’arrière, ça serait dommage de s’en priver ici !) puis ramenez les deux plantes de pieds en contact l’une avec l’autre. Là encore, ne cherchez pas à baisser les talons vers vous, sinon vous risquez de perdre la direction essentielle des ischions vers la plinthe. Vos genoux se sont donc fléchis, et à présent, ouvrez-les comme si vous vouliez que l’extérieur de vos genoux touche le mur. Placez vos deux mains au niveau des genoux internes, et exercez une force légère pour les aider dans cette direction, en n’oubliant jamais qu’aider n’est pas forcer ! Immobilisez-vous, fermez les yeux peut-être, et respirez profondément.
Soyez patient dans ce travail sur votre bassin. À notre époque, nous sommes trop habitués à tout avoir tout de suite. Ce chemin vers l’ouverture des hanches est long, il faut l’accepter et en profiter pour regarder votre paysage intérieur qui changera et évoluera. Autre point qu’il vous faut garder en tête : l’ouverture du bassin, siège des émotions comme vous le savez maintenant, est indissociable d’un travail sur l’ouverture des épaules, qui elles sont le siège des peurs…