Depuis 2019, la loi interdit les violences éducatives ordinaires(1). Inscrite dans le Code Civil et le Code Pénal, cette phrase : « l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ». Une belle avancée qui marque une vraie prise de conscience des pouvoirs politiques, mais malheureusement une portée largement insuffisante. Peut-être parce qu’aucune nouvelle sanction pénale n’est prévue par cette loi, mais aussi parce que les « violences éducatives ordinaires » n’y sont pas définies.
Selon la Fondation pour l’Enfance(2), 85 % des parents en France disent avoir recours aux punitions corporelles et/ou aux violences verbales. Preuve, malheureuse, que le chemin vers l’éducation bienveillante est encore long, bien qu’il n’y ait qu’un pas à faire…
Que sont les violences éducatives ordinaires, ou VEO ?
L’Observatoire de la violence éducative ordinaire(3) l’affirme : les VEO sont « la forme de violence physique et psychologique entre humains la plus courante dans le monde ». Il s’agit, concrètement, d’une violence banalisée, tolérée voire encouragée.
La violence éducative ordinaire est utilisée depuis toujours et dans tous les pays du monde pour éduquer l’enfant. Dès les premières années de leur vie, la majorité des enfants sur la planète subissent quotidiennement des humiliations physiques et verbales.
Employée par les parents mais également par les professionnels de l’enfance, la VEO permet de se faire obéir d’un enfant ou de le punir s’il a un comportement jugé indésirable par l’adulte. La plupart du temps, les adultes responsables reproduisent ce qu’ils ont eux-mêmes vécus dans leur enfance, avec la conviction intime de bien faire, de donner « une bonne éducation ».
Il n’en est rien en réalité. Ces violences soi-disant « éducatives » et banalisées au point de les dire « ordinaires » laissent des traces et ont un impact réel sur le développement des enfants.
Les différents types de VEO
Les violences éducatives ordinaires peuvent se classer selon 3 types :
- Les violences physiques:
- Fesser
- Gifler
- Tirer les oreilles
- Secouer
- Pousser
- Mettre des « petites tapes » sur les mains
- Priver de nourriture
- Forcer à manger
- Forcer à aller sur le pot
- Empêcher d’aller aux toilettes
- …
- Les violences verbales:
- Crier
- Se moquer
- Humilier
- Insulter
- …
- Les violences psychologiques:
- Punir
- Culpabiliser
- Faire du chantage
- Mentir
- Faire peur
- Menacer
- Isoler
- Être indifférent
- …
Dresser une liste exhaustive serait impossible tant ces violences, sous prétexte d’éducation, sont nombreuses et insidieuses.
Violences éducatives ordinaires : quelles conséquences pour les enfants ?
En 2017, l’Observatoire de la violence éducative ordinaire révélait dans une étude qu’en France, la moitié des enfants étaient frappés avant l’âge de 2 ans. Une proportion qui fait clairement frémir, ce d’autant plus que toutes les études sur le sujet démontrent l’inefficacité de telles méthodes sur le comportement des enfants.
Pire : les VEO en plus d’être inutiles à l’éducation sont terriblement néfastes pour la santé de l’enfant :
- Augmentation du risque de développer des troubles psychologiques comme l’anxiété et la dépression
- Augmentation du risque de développer une maladie cardiaque, auto-immune ou cancéreuse
- Augmentation du risque de développer des comportements agressifs
Élever un enfant en ayant recours aux VEO, c’est aussi lui faire courir le risque une fois adulte de :
- Troubles de la personnalité
- Perte d’estime de soi
- Isolement social
- Addictions
- Tendances suicidaires
- …
Sans oublier que la violence subie pendant l’enfance engendre un risque d’inscription de cette violence dans le patrimoine génétique. Autrement dit, d’entretenir ce cercle vicieux alors qu’une seule chose est à faire aujourd’hui : le briser. Et pour cela, de nombreux livres aident les parents dans leur démarche vers une éducation bienveillante.