En anglais, on parle de revenge bedtime procrastination, ou « revanche par la procrastination du coucher » en français, ou encore « procrastination de vengeance à l’heure du coucher ».
Traîner des heures devant votre téléphone au lieu d’aller dormir, regarder un épisode de plus de votre série favorite alors que vos yeux se ferment tout seuls, après une journée bien chargée et alors que vous aviez la ferme intention de vous mettre au lit tôt, vous repoussez encore l’heure de vous coucher et vous vous privez ainsi de précieuses heures de sommeil.
La procrastination de l’heure du coucher se traduit comme le fait de ne pas réussir à aller se coucher à l’heure prévue alors qu’aucun facteur extérieur n’en est la cause. Selon la National Sleep Foundation, il s’agirait d’une façon de choisir ses loisirs quitte à sacrifier son sommeil. On peut aussi y percevoir un besoin de contrôle, ou encore une manière de s’accorder du temps pour soi dans une vie rythmée par le surmenage, d’où la notion de « revanche » et de « vengeance ».
Explications.
La procrastination de l’heure du coucher : un phénomène contemporain qui peut conduire à de vrais troubles du sommeil
Une personne sur 4 ne dormirait pas bien, ou pas assez. Les troubles du sommeil et le manque de repos sont bel et bien en train de devenir une épidémie. Insomnies, réveils nocturnes, somnambulisme, bruxisme, syndrome des jambes sans repos, il existe différents troubles du sommeil. Ces derniers proviennent souvent de facteurs comme la caféine, l’alcool, le stress, les horaires irréguliers, le surmenage et l’âge. Aujourd’hui, un autre facteur est pointé du doigt : la procrastination de l’heure du coucher.
Il s’agit d’un véritable auto-sabotage puisque c’est la personne elle-même qui décide, plus ou moins consciemment, de rogner sur son temps de sommeil pour faire d’autres activités. En fait, ce comportement donne à la personne le sentiment de regagner un peu de liberté dans sa journée, d’avoir un contrôle à un moment qu’elle estime être le seul pour pouvoir se détendre.
La procrastination de l’heure du coucher est un phénomène humain inédit. En effet, alors que dans la procrastination « classique » la personne repousse les tâches et ce qui apparait comme des corvées à faire, dans la procrastination de l’heure du coucher c’est le sommeil qui est repoussé, alors même que la personne a envie et besoin d’aller dormir et que le sommeil n’est pas en soi vécu comme une obligation désagréable.
Qui est concerné par la procrastination de l’heure du coucher ?
Une vie remplie d’obligations, des journées stressantes, la procrastination de l’heure du coucher apparait le plus souvent chez les personnes qui manquent de temps pour elles en journée et qui reportent ce besoin sur leur soirée. Les personnes en télétravail semblent être davantage touchées, sûrement parce que le travail à la maison déborde souvent sur les espaces temps privés.
Le plus remarquable, c’est que ce temps « emprunté » au sommeil n’est pas employé réellement à s’occuper de soi, à profiter d’un loisir bénéfique et constructif pour la personne. En réalité, c’est bien d’oisiveté qu’il s’agit. Car pendant tout ce temps, la personne scrolle sur son téléphone sans vraiment s’intéresser à ce qui défile sur l’écran, elle regarde la télé sans vraiment prêter attention au programme. Il y a un côté très « passif » à cette forme de procrastination du sommeil qui traduit une volonté de rattraper une sorte de laisser-aller, d’inaction, de désœuvrement impossible à un autre moment de la journée.
La procrastination du coucher : d’une mauvaise habitude au cercle vicieux
A force de procrastiner à aller rejoindre les bras de Morphée, les personnes se privent de sommeil. Ni plus, ni moins. Que va-t-il se passer alors ? Plus le temps va durer, plus les tâches quotidiennes et professionnelles vont devenir difficiles à exécuter à cause du manque de repos. Le stress va donc grimper de plusieurs niveaux, et justement, le stress est un des facteurs déclenchants de la procrastination de l’heure du coucher. Nous y voilà : le chien qui se mord la queue.
Pour sortir de ce cercle vicieux, pas de recette miracle mais les éternelles consignes pour une bonne hygiène de sommeil : sanctuariser la chambre en y bannissant les écrans, apprendre à écouter les signaux du corps et éviter les repas trop lourds et l’alcool en soirée.