« Si je prends soin de l’autre en me négligeant moi-même, j’entretiens la négligence et non pas le soin. »
– Thomas d’Ansembourg –
Deux fausses excuses règnent en maîtres pour justifier de ne pas prendre soin de soi-même : le « Je n’ai pas le temps » (évidemment…) et le « S’occuper de sa propre personne est un acte égoïste ». Il est vrai que l’on entend plus volontiers que c’est prendre soin des autres qui revient à prendre soin de soi. Et en effet, l’attention portée à autrui est une chose nourrissante, profondément. Spinoza le décrivait déjà il y a plus de 300 ans : « Chaque fois que nous faisons du bien à un autre être, nous nous sentons mieux parce que notre physiologie s’en trouve renforcée. »
À une époque où le don de soi est plus que jamais mis en avant et loué – pensons à ces applaudissements pour les soignants tous les soirs à 20h pendant le confinement dû à l’épidémie de Covid-19 – il est bon tout de même de rappeler une chose essentielle : on ne peut donner que ce l’on a. Et ça justement, les soignants le savent bien tant le fait de tout donner sans ne pouvoir plus rien s’accorder les a épuisés, vidés, découragés même parfois de leur si bel élan vers l’autre.
Prendre du temps pour soi n’est pas égoïste : c’est de l’écologie durable…
La santé de la planète n’a jamais été plus au centre de nos préoccupations qu’actuellement. Mondialement, nous avons eu une prise de conscience fondamentale : nous ne pouvons plus puiser dans les ressources naturelles de façon abusive sans laisser le temps à la Terre de se renouveler. De se reposer…
Dans la philosophie du Yoga, chaque individu est considéré comme un microcosme. Une représentation entière à lui seul du macrocosme, de l’univers. Et de la même manière que la Nature, l’Homme donne et reçoit. Ou plutôt, il doit recevoir pour pouvoir ensuite donner. Jamais dans la Nature la plante n’existe avant que la graine ne soit semée puis arrosée…
Pour exprimer le meilleur de soi-même et être utile auprès des autres, il est indispensable d’être en équilibre avec soi-même, épanoui(e) et en accord. S’oublier, c’est s’assécher. Et que peut donner une terre aride ?
Le don de soi n’est pas, et ne sera jamais, du sacrifice
Peut-être est-ce à cause d’un vieux reste d’éducation judéo-chrétienne, mais voilà bien une fausse croyance parmi celles les plus profondément ancrées : la générosité envers l’autre devrait passer par son propre sacrifice. Il faudrait s’affamer soi-même pour nourrir son prochain. Il faudrait se couper la jambe pour aider à avancer celui qui n’a plus la sienne.
Non, le don de soi ne passe pas par le sacrifice. C’est même tout l’inverse. Pour être utile, il faut être ressourcé(e), plein d’énergie et de vibrations positives à transmettre, à partager. Car le maître mot est bien là : aider, plus que donner, c’est partager. Et pour partager quelque chose, encore faut-il l’avoir soi-même, pour soi.
« L’amour, c’est la capacité de protéger et de nourrir. Si vous n’êtes pas capable de générer ce genre d’énergie envers vous-même, il est très difficile de prendre soin d’une autre personne. »
– Thich Nhat Hanh –