Cela va peut-être vous surprendre, mais la fonction auditive commence naturellement à diminuer dès l’âge de 20 ans. Donc évidemment, rien d’étonnant à ce qu’un retraité sur 3 soit confronté à une perte auditive due à l’âge, ce que l’on appelle la presbyacousie.
Mais ce qui est « fou » avec ce vieillissement naturel du système auditif, c’est qu’il est à la fois tabou et complètement banalisé. Si bien que la personne souffrant d’une perte auditive se retrouve complètement isolée. Socialement bien sûr, mais psychologiquement aussi face à une incompréhension et parfois même un mépris de son handicap.
La perte d’audition avec l’âge : un processus physiologique habituel mais insidieux
La perte auditive n’est rien de plus qu’une usure progressive des cellules auditives due au temps qui passe. Il en va ainsi du corps humain. Mais là où la presbyacousie est sournoise, c’est qu’au début elle n’est pas évidente à détecter. La personne atteinte ne se rend pas tout de suite compte qu’elle entend moins bien car des phénomènes compensatoires se mettent en place.
C’est seulement au bout d’un certain temps, parfois des années d’évolution, que la personne constatera effectivement qu’elle a des difficultés à comprendre les conversations à plusieurs ou dans un environnement bruyant, qu’elle demandera alors à ses interlocuteurs de répéter, et qu’elle montera le volume de la télé, etc. Cependant et malgré son constat objectif, la personne passera par une période de déni. Car accepter sa déficience auditive, c’est accepter son âge et tout ce qui va avec. Pire : envisager un appareillage, c’est prendre le risque d’être jugé(e) en affichant son vieillissement.
Finalement, sa perte auditive deviendra vraiment concrète à cette petite phrase de son entourage, petite phrase qui fait tout de même l’effet d’une claque : « Mais t’es sourd(e) ou quoi !? »
Voilà, les choses sont dites et, pour le coup, suffisamment fort pour être parfaitement entendues. Mais pas de la meilleure façon qui soit puisque suite à cela, une grande proportion des personnes concernées par une perte d’audition due à leur âge ressentira de la honte et de l’incompréhension. Ces personnes se réfugieront alors dans un retrait social mais l’isolement et la solitude ne feront que renforcer leur souffrance, une souffrance qui parfois sera telle qu’elle conduira à une dépression.
Perte auditive : pourquoi faire répéter ne suffit pas et participe à isoler socialement ?
De nombreuses personnes atteintes d’une perte auditive commencent par demander à leurs proches de répéter, puis finalement, abandonnent et laissent tomber. Plusieurs explications à cela. Bien sûr, il y a l’agacement perceptible de l’entourage qui en a marre (et ça se comprend !) de répéter systématiquement chaque phrase. Alors évidemment, celui ou celle qui entend mal préfèrera renoncer plutôt que de ressentir l’exaspération des autres.
Mais bien souvent, ce n’est même pas ça. Le truc, c’est que le fait de répéter ne permet pas à la personne en difficulté auditive de mieux comprendre. Elle va entendre, oui, mais comprendre non. Car la compréhension d’une discussion passe forcément par une compréhension émotionnelle. Or les émotions ne sont présentes que dans le premier jet de paroles, dans la première phrase. Dès lors qu’il y a répétition, il n’y a plus d’émotion dans les mots. La force émotionnelle du propos n’existe plus. Et sans cela, la communication n’a tout simplement plus d’intérêt. Elle est vide de sens et de profondeur. La lassitude s’installe donc et avec elle, la perte du goût de communiquer.