La question va peut-être vous surprendre : quel est le rôle d’un enfant ?
Naturellement, nous aurons tous envie de répondre que le rôle d’un enfant consiste à être (et à rester quelques années – certains parents pourraient même dire le plus longtemps possible) un enfant…
Seulement voilà : un phénomène s’observe de plus en plus. Celui de l’enfant qui est le meilleur ami. Celui de l’enfant qui est le confident. Voire celui de l’enfant qui est le thérapeute de son parent. Cette « parentification » de l’enfant, pointée du doigt depuis longtemps par les psys mais encore trop méconnue, consiste à donner (ou à laisser) à l’enfant une fonction bien trop grande pour lui. À inverser les rôles dans une famille. Et au-delà d’une certaine déresponsabilisation des parents supposés être des éducateurs, c’est bien d’une enfance tronquée, voire volée, dont on parle…
Décryptage d’un phénomène bien plus répandu qu’on ne pourrait le croire.
Parentification de l’enfant : qu’est-ce que c’est et comment cela arrive-t-il ?
On en parle peu, à tel point que l’on pourrait penser que le mot est tabou. Pourtant, la parentification est bien là, sournoise dans de nombreuses familles qui ne sont sûrement pas à blâmer, mais plutôt à prévenir. À avertir. La parentification, c’est-à-dire l’inversion des rôles, autrement dit le moment où l’enfant n’en est plus un car il devient le « parent » de ses propres parents.
Et bien évidemment, cela n’arrive ni par hasard ni par accident. La parentification est, très souvent pour ne pas dire la plupart du temps, la conséquence secondaire d’un drame qui s’est déjà joué…
Lorsque l’enfant endosse une responsabilité qui n’est pas la sienne
Si la parentification n’est pas un processus naturel, il est une chose, en revanche, de parfaitement instinctive : un enfant qui voit son parent être en difficulté voire souffrir (physiquement ou psychologiquement) prendra le rôle de soutien en se sentant responsable de lui. Il fera tout pour soulager son père ou sa mère de sa souffrance, quitte à s’oublier complètement, lui-même et son enfance au passage.
De fait, la parentification d’un enfant s’observe le plus souvent lorsque la famille est touchée par une maladie physique, des problèmes de drogue ou d’alcool, ou encore une grande fragilité psychologique comme dans le cas d’une dépression, par exemple. Et en toute logique, ce sont essentiellement les familles monoparentales qui sont concernées par la parentification.
Parentification : quelles conséquences pour l’enfant ?
Un enfant qui devient l’ami de son parent, son confident voire son psy particulier, c’est avant tout un enfant qui perd sa place. Et cela n’est pas sans dommages sur son développement personnel. Car au-delà de prendre un rôle qui n’est pas le sien, il prend surtout la responsabilité de fonctions qu’il n’est pas en mesure d’assumer. Trois conséquences directes peuvent s’observer dans les cas de parentification :
- L’enfant développe une dépendance affective qui sera un handicap pour sa prise d’autonomie
- L’enfant ressentira une culpabilité de plus en plus envahissante, se sentant complètement responsable de l’état de son parent
- L’enfant développera une mauvaise estime de lui des plus tenaces, ne pouvant pas répondre à toutes les attentes de son parent
Il n’est par ailleurs pas rare de constater que les enfants ayant été les parents de leurs parents souffrent de troubles anxieux, d’un terrain propice à la dépression, et de troubles du comportement alimentaire.