La réalité virtuelle ? Oui, bien sûr que vous en avez entendu parler. Mais cela relève encore du futur pensez-vous, et les fameux casques VR ne sont qu’une technologie prometteuse ? Détrompez-vous. La réalité virtuelle est bien là, et ça, ce n’est pas virtuel du tout. Déjà dans de nombreux domaines d’applications (jeux vidéo bien sûr, mais également immobilier, industrie, évènementiel et même milieu hospitalier) les fameux casques plongeant l’utilisateur dans un monde artificiel mais criant de vérité se démocratisent. Mais si la réalité virtuelle est incontestablement une prouesse technologique promettant de belles perspectives, elle n’est pourtant pas sans risque pour celui l’utilise, tant au niveau psychologique que social. Zoom sur une question au cœur de son époque…
La réalité virtuelle, c’est quoi ?
Et si on vous disait que le premier dispositif de réalité virtuelle datait de 1956 ? Incroyable, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est la vraie vérité. La réalité virtuelle est un concept qui ne date pas d’hier et qui, expérimental jusque-là, se démocratise pour de bon aujourd’hui. Au début pensée et conçue pour plonger un joueur de jeu vidéo dans un décor plus vrai que nature, cette réalité qui n’existe pas est aujourd’hui largement utilisée dans le monde professionnel, où la qualité de l’immersion permet de belles innovations. On invente donc des visites immersives immobilières ou industrielles. Quant au secteur de l’évènementiel, il a bien senti le bon filon : quoi de mieux d’un point de vue marketing pour les évènements des grandes marques que de plonger littéralement son invité dans un univers inatteignable autrement, de lui faire vivre une expérience inédite. Plonger avec les requins ? Se retrouver funambule en plein milieu du vide ? Vivre une situation terrifiante ? Tout est possible avec la réalité virtuelle, et ce sans danger ou, en tout cas, pas ceux que l’on croit…
Les dangers psychologiques de la réalité virtuelle
Évidemment, le recul suffisant manque encore aujourd’hui, et il n’y a pas eu d’études réalisées mettant de façon imparable en évidence les dangers de la réalité virtuelle sur le fonctionnement psychique. Cependant, de nombreux psychiatres émettent déjà des signaux d’alerte…
Qui n’a jamais fait de cauchemars après le visionnage d’un film d’horreur un peu intense ? Eh bien, imaginez-vous totalement immergé dans l’enfer de votre film. Imaginez-vous être dedans, « vraiment », et vivre pour de « vrai » (en tout cas dans votre tête puisque c’est le seul but) des situations absolument indescriptibles tant elles sont effroyables et effrayantes. Ne sortiriez-vous pas de cette séance immersive quelque peu… troublé ? Voire carrément perturbé ou traumatisé ? Le truc est bien là : l’expérience n’est pas anodine pour la psyché, qui elle, vit ça comme si c’était la vraie réalité. En cas d’abus, les psychiatres mettent en garde clairement au sujet du risque réel de voir apparaître un nombre croissant de cas de chocs post-traumatiques (ce que vivent -entre autres- les militaires au retour de la guerre). Et dans tous les cas, ces mêmes psychiatres déconseillent vivement aux personnes déjà sujettes au stress, aux crises d’angoisse, à la schizophrénie et à la paranoïa de se lancer sur le chemin de la réalité virtuelle.
Les dangers sociaux de la réalité virtuelle
Logiquement là encore, le risque sociologique de la réalité virtuelle est intimement lié à l’abus de cette technologie immersive. Et la première chose qui vient à l’idée est la perte de repères dans le monde vrai, un flou pouvant aller jusqu’à la confusion entre ce qui est virtuel et ce qui ne l’est pas. Si l’isolement semble être l’un des dangers directs de cet égarement mental, il n’est malheureusement pas le seul : dépression, actes de violence, voire vraie folie sont aussi à redouter. Par ailleurs et c’est intéressant de le remarquer, le monde virtuel a beau être dépourvu de sensibilité, il n’en est pas moins doté de hiérarchie. Comme dans n’importe quel domaine, réel ou fictif, il y a les initiés, et les autres. Mais dans un univers où les rencontres et les présentations n’existent pas, comment alors y faire sa place ? Lorsque les portes du réel semblent devenir totalement inintéressantes jusqu’à se fermer d’elles-mêmes, et que celles du virtuel, attractives, sont plus dures à franchir qu’on ne l’espèrerait, comment trouver en soi un sentiment d’appartenance indispensable à la vie humaine ? Fondamentalement sociable, l’homme a besoin d’un groupe auquel se rattacher. Et partir à sa recherche dans un monde qui n’existe pas n’est sûrement pas la meilleure des alternatives, en tout cas pas sans un socle relationnel bien concret pour ramener un peu d’ancrage à l’être, un ancrage nécessaire et tout simplement vital.