Ils se plaignent tout le temps, se lamentent pour un oui ou pour un non. Avec eux, la moindre petite contrariété du quotidien est un prétexte à l’apitoiement.
Leur phrase préférée ? « C’est vraiment trop injuste ! », comme Caliméro ce petit poussin noir, touchant avec sa coquille cassée sur la tête et son air perpétuellement persécuté.
Mais si le personnage de dessin animé est attachant, les personnes souffrant du syndrome de Caliméro ont plutôt tendance à agacer avec leurs éternelles jérémiades. On les fuit même, tant leurs plaintes et leur vision sombre de l’existence exaspère.
Pourtant, derrière cette attitude négative se cache un mal-être réel, une souffrance profonde et ancienne que seul un mécanisme de victimisation semble pouvoir exprimer.
Le syndrome de Caliméro : se plaindre pour attirer l’attention
À première vue, le syndrome de Caliméro peut paraître simple à définir : se dit d’une personne qui ne cesse de se plaindre, pour tout, pour rien.
En réalité, les choses ne sont pas si simples. Les Caliméro ne font pas que se plaindre pour tuer le temps. Ils le font parce qu’ils se sentent victimes d’une existence « qui fait tout » contre eux.
Rarement positifs, impossiblement optimistes, les Caliméro attirent généralement la compassion de leur entourage, parents ou amis. Mais rapidement, cette compassion évolue en exaspération. Un changement de regard sur eux qui, inévitablement, aggrave le mal-être des Caliméro, les sentiments de solitude et d’incompréhension s’en mêlant.
Distinguer la plainte saine de la plainte existentielle
Autre point essentiel pour comprendre ce syndrome de Caliméro : faire la différence entre exprimer une plainte ponctuelle et vivre dans une plainte existentielle.
Râler, cela permet d’exprimer un désaccord. Se plaindre, c’est chercher du réconfort.
Il y a des bénéfices à la plainte car elle permet de verbaliser, de se décharger, de se soulager. La plainte est donc un outil qui nous permet à tous, parfois, de nous libérer. En outre, manifester son désaccord par la plainte permet dans certaines situations de faire avancer une problématique jusqu’à y trouver une solution.
Cette plainte-là est bien différente de l’apitoiement répétitif. Dans le cas du syndrome de Caliméro, la plainte est un schéma d’être. Elle est devenue un mécanisme et même une identité dans les relations avec les autres. Les Caliméro sont coincés, bloqués dans leur plainte de l’existence tout entière. Ils ne savent plus comment faire autrement, comment s’exprimer autrement.
Peut-on se sortir du syndrome de Caliméro ?
Le syndrome de Caliméro n’est pas un trait de la personnalité, mais bien un mécanisme qui s’est mis en route insidieusement après un évènement difficile. Dans le passé, les Caliméro ont vécu une injustice et cette injustice, il est vital pour eux de la dénoncer, de ne pas s’y habituer, même si pour cela il faut remettre perpétuellement le costume de la victime.
Face à un Caliméro, la meilleure attitude est le calme et la discussion. Les Caliméro ne sont pas inaptes à la remise en question. Essayer de les faire relativiser, sans les faire culpabiliser, voilà une bonne démarche.
Néanmoins, cela ne suffira pas à changer un Caliméro en profondeur. Car pour cela, il faut revenir à l’origine du problème, à l’évènement traumatique à cause duquel le mécanisme s’est mis en place. Ce travail, évidemment, ne peut se faire qu’avec l’accompagnement d’un professionnel. Mais il est important. Car les Caliméro se pensent protégés par leur « statut » de victime de la vie. Alors qu’en fait, loin d’être protégés, ils sont surtout prisonniers d’eux-mêmes.