Le développement personnel, voilà bien un thème central de notre époque. Jamais autant les hommes n’ont recherché à ce point des techniques pour « acquérir » une forme de mieux-être. Méditation, sophrologie, psychanalyse aussi. Dans ce monde ultra connecté et profondément centré sur le regard que peuvent avoir les autres, jamais autant paradoxalement n’avons-nous cherché à voir plus clair en nous. À mieux nous comprendre de l’intérieur pour mieux nous aimer.
Mais puisque les autres sont si importants, pourquoi ne seraient-ils pas aussi une clé à ce fameux développement personnel ? Et si la compassion cultivée à leur égard pouvait nous aider à avancer plus sereinement sur notre propre chemin ?
Explications…
La compassion : qu’est-ce que c’est ?
La compassion est un mot qui vient du latin, cum patior. Littéralement, cela se traduit par « souffrir avec ». Ceci dit, attention à ne pas prendre cette traduction au pied de la lettre. « Souffrir avec » ne signifie pas « souffrir aussi ». Là est toute la subtilité.
Pratiquer la compassion envers autrui, c’est se soucier sincèrement de la souffrance et des difficultés de l’autre, et éventuellement et avec les moyens dont on dispose, tenter de l’aider. C’est également et d’une façon plus générale, éprouver de la bienveillance pour son prochain, sans faire de distinction. Ressentir de la compassion uniquement pour les êtres aimés, ce n’est pas vraiment pratiquer la compassion. Selon les enseignements bouddhistes, nous devrions tous cultiver la compassion et cela même pour son pire ennemi. Car là serait la voie (le développement personnel) qui nous conduirait au bonheur.
Compassion et empathie : est-ce la même chose ?
Eh bien justement, non. L’empathie pourrait d’ailleurs mieux se définir par l’expression « souffrir aussi ». Dans la notion d’empathie, il y a surtout une notion d’effet miroir. On « souffre aussi » pour la bonne et simple raison que l’on se reconnait dans les souffrances de l’autre. Finalement, on ressent effectivement de la peine voire même une vraie douleur pour ce que l’on estime être l’autre, mais en réalité, cette peine et cette douleur, nous nous la destinons à nous-même. Nous l’absorbons comme une éponge. En cela, l’empathie ne permet aucunement d’aider son prochain. Et pire, à être trop empathique, on risque clairement la surdose, et le burn-out émotionnel.
Quels sont les bienfaits de la compassion ?
Certaines études scientifiques ont donné des résultats impressionnants. Sur un groupe de personnes « entraînées » à pratiquer la compassion pour autrui, des examens IRM ont confirmé des changements nets et visibles de l’activité neuronale. Concrètement, le cerveau génère davantage d’émotions positives, et ce en toute circonstance, lorsque l’on pratique la compassion régulièrement et suffisamment.
Les bienfaits physiologiques qui peuvent découler de cela coulent alors de source :
- Moins de stress puisque la production de cortisol est diminuée
- Diminution des risques d’hypertension et de maladies cardio-vasculaires
Mais le plan psychologique n’est pas en reste, loin de là. En pratiquant la compassion, l’estime de soi et la confiance en soi sont littéralement boostées, grâce une production augmentée de dopamine, l’hormone dite de « gratification » du cerveau. Les personnes compatissantes se disent également plus heureuses. Et là encore, ce n’est pas qu’une vue de l’esprit, mais une histoire d’hormones. Le fait d’être compatissant augmente les taux d’endorphines, des hormones bien connues pour être celles du bien-être.
Et l’auto-compassion alors ?
Voilà une dernière chose qui est loin d’être négligeable : en apprenant à être plus compatissant avec les autres, instinctivement, on le devient aussi avec soi-même. La compassion mène-t-elle à l’auto-compassion ? C’est certain, oui. Écouter, accepter, et potentiellement aider les autres, permet d’arrêter de se faire la guerre à soi. Et être en paix avec soi-même, n’est-ce pas là le but de tout développement personnel ?