L’emprise se construit lentement, barreau par barreau. Des barreaux parfaitement invisibles dans un premier temps, car la prison ne se voit que lorsque la victime de l’emprise est parfaitement, totalement enfermée, prisonnière de la relation toxique autant que d’elle-même.
L’emprise est dangereuse. L’emprise détruit et l’emprise tue, aussi. Parvenir à s’en libérer est toujours une urgence vitale. Et entamer cette démarche est toujours un acte hautement courageux, d’autant plus courageux que la victime de l’emprise n’a plus rien. Plus d’argent, plus d’amis, plus de famille, plus d’estime pour elle-même, plus de confiance, plus d’énergie.
Comment définir l’emprise psychologique ?
Dans le domaine du droit administratif, l’emprise est un terme qui désigne une mainmise sur une propriété privée, la prise de terrains par dépossession. Cette définition est très parlante. Car dans un couple, l’emprise est précisément une expropriation psychique, une effraction mentale savamment pensée, organisée et menée par une personnalité perverse, pervers narcissique ou autre.
L’emprise implique la notion de relation. Et le terme relation implique quant à lui le consentement et la participation de 2 personnes. C’est bien là toute la perversion : la victime est « d’accord » pour donner toujours plus, pour supporter encore davantage. Dans un premier temps pour retrouver la relation telle qu’elle peut être. Dans un second parce que les victimes d’emprise sont toujours des personnes qui ont besoin de comprendre quitte à y laisser des plumes. Dans un troisième parce que la fatigue mentale et physique est telle que la lutte est devenue inenvisageable.
L’emprise dans le couple : une manipulation de l’intelligence émotionnelle de l’autre
Tout le monde ne peut pas tomber dans le piège de l’emprise. Et les manipulateurs pervers ont cette faculté de repérer les bonnes proies. Les personnes menacées par l’emprise sont des personnes intelligentes et bien souvent à haut potentiel. Elles ont besoin de réfléchir et de comprendre les choses. Elles sont ouvertes à tous les domaines, intéressées par tous les univers, toutes les cultures. Partant de là, elles sont naturellement très tolérantes, tournées vers les autres. Elles ont un sens de l’humain aigu, et font preuve de beaucoup de compassion. Elles aiment aider, et comprennent les autres sans les juger. Elles détestent le mensonge et sont même incapables de le comprendre. Elles sont idéalistes, généreuses, exigeantes voire intransigeantes avec elles-mêmes.
Voilà tous les ingrédients nécessaires au manipulateur : il a devant lui une personne qui se remettra en question elle-même avant de lui reprocher quoi que ce soit, qui va tenter de le comprendre et de l’aider plutôt que de fuir, qui va culpabiliser et s’excuser à sa place, qui cherchera sa reconnaissance et ne comprenant pas pourquoi elle ne l’obtient pas, continuera docilement à faire ce qu’il faut, et qui pardonnera toujours parce que le pardon est une grande et belle vertu.
Le premier pas pour se libérer d’une relation d’emprise
De nombreux articles sur internet donnent des conseils très pertinents pour aider les victimes d’emprise psychologique à s’en sortir. L’objectif de cet article n’est pas d’écrire la même chose. En fait, l’idée ici est de traiter de ce sujet peut-être différemment parce qu’il est un témoignage de plus de 4 ans d’emprise encore très à vif mais qui s’espère objectif et avec assez de recul.
Pour en terminer avec une telle relation, il faut commencer par accepter. Accepter de s’être trompée. Accepter de ne pas comprendre quelque chose d’incompréhensible : la folie de l’autre. Accepter de ne pas avoir réussi à aider quelqu’un qui ne souhaitait pas l’être. Accepter enfin de n’être soi-même responsable en rien de tout ce qui a pu se passer.
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