Considéré comme l’un des droits fondamentaux et essentiels d’une maman, le congé maternité est aussi et malheureusement encore aujourd’hui l’un des grands points de discrimination entre les hommes et les femmes dans le monde du travail. La question du congé paternité et plus précisément de son allongement est donc, depuis quelques temps, au centre d’un débat récurrent sur la parité, grande lutte moderne. Mais au-delà de l’égalité homme-femme, certes importante à redéfinir et à trouver, qu’en serait-il de l’équilibre de bébé en cas de congé paternité plus long, à l’image de certains pays comme l’Espagne (8 semaines) ou la Norvège (jusqu’à 39 semaines) ?
Congé paternité : où en est la France ?
La première chose qu’il faut savoir, c’est que même s’il est question d’allonger de temps octroyé au papa pour profiter des premiers jours de son enfant et soutenir la maman dans le quotidien, le congé paternité n’est que de 11 jours en France. 11 jours dont peut bénéficier le père biologique salarié mais également le conjoint salarié de la mère même s’il n’est pas le géniteur, que le couple soit uni par un mariage, un Pacs ou qu’il vive ensemble simplement maritalement. Autre chose essentielle : les heureux papas peuvent demander un congé paternité sans condition d’ancienneté et quel que soit le type de contrat qui les engage auprès de leur employeur.
Que changerait un congé paternité allongé ?
Objectivement, il n’est pas certain du tout qu’un congé paternité qui passerait à 2 mois modifie quoi que ce soit aux discriminations homme-femme dans le monde du salariat. Tout simplement parce que ce qui dessert les femmes dans le monde professionnel, ce n’est pas tant le congé maternité, mais le fait d’être maman. Un congé (maternité ou paternité), cela peut se gérer facilement car il est prévu, et donc anticipé. En revanche, ce qui freine encore les employeurs par rapport aux femmes (pouvant donc potentiellement devenir des mères), ce sont les absences aussi inévitables qu’imprévues lorsque bébé est malade ou que la crèche est en grève (pour ne citer que ces exemples-là). En revanche, et ce point est essentiel puisqu’il serait peut-être un déclic fondamental dans l’image collective (et donc celle des patrons) : un congé paternité qui passerait à 2 mois modifierait d’emblée les représentations actuelles du rôle de la femme, ce qui amènerait au moins un point d’égalité non pas entre la femme et l’homme, mais entre la maman et le papa. Naturellement, les jeunes pères s’impliqueraient tout de suite davantage, et c’est bien toute l’organisation à la maison qui se trouverait changée pour devenir plus équilibrée, ne serait-ce qu’au niveau des tâches ménagères. Et tout aussi naturellement, l’idée préconçue qui fait croire que ce sont forcément les mères qui doivent s’absenter de leurs postes pour s’occuper de bébé malade serait petit à petit effacée, pour être remplacée par une forme d’alternance, alternance qui aura forcément un impact sur la place de la femme au sein du monde professionnel, lui rendant ainsi une forme de légitimité.
Le congé paternité allongé : qu’en diraient les bébés ?
11 jours de congé paternité actuellement en France. 11 jours… Est-ce suffisant à un jeune papa pour qu’il prenne sa place dans le nouveau trio et qu’il apprenne à se faire confiance dans les gestes de base du quotidien ? Pas certain du tout. Car ces 11 premiers jours sont surtout et le plus souvent 11 jours de stress, de doutes, de manque de sommeil, d’épuisement, peut-être de gros coups de blues de la maman aussi, bref, 11 jours de folie entrecoupés bien sûr de moments de bonheur intenses et absolus, mais 11 jours quand même de marathon. En revanche, un congé paternité allongé laisserait le temps aux pères de s’investir réellement et pas seulement d’aider la maman. Autre effet positif direct : les jeunes mamans apprendraient plus facilement à déléguer aux papas, à leur faire confiance et à se rendre compte que leurs conjoints sont tout autant aptes qu’elles à prendre en charge leurs enfants. Cela éviterait à bon nombre de femmes de devenir par une sorte d’obligation officieuse des super-mamans, un joli titre certes, mais un rôle ultra oppressif qui aboutit bien souvent et malheureusement à des craquages, voire des burn-out. Et que dirait un bébé d’une maman plus sereine, d’un papa plus présent et investi, et de parents plus unis autour de lui ? Il est très probable qu’il émette alors un gazouillis, un « areuh » qui voudrait dire « youpi » !