À l’heure de la consommation responsable, il semble impératif de savoir faire la différence entre nos besoins et nos désirs. Pourtant, cette distinction, ou plutôt cette absence de distinction, est une chose très commune dans la société dans laquelle nous vivons. Beaucoup de personnes, pour ne pas dire la plupart, confondent ces deux notions, confondent ces deux élans qu’ils ressentent. Or ne pas les reconnaître et ne pas être capable de les nommer peut directement impacter sur la qualité de vie. En effet, ne pas différencier le besoin du désir peut rendre malheureux et engendre un sentiment dévalorisant de perte de contrôle et de débordement. Corps et Santé vous explique aujourd’hui ce qu’est le besoin, ce qu’est le désir, afin de vous aider à les distinguer pour vivre mieux, tout simplement.
Qu’est-ce que le besoin ?
Le besoin est un élan naturel et nécessaire, nécessaire dans le sens où les conséquences peuvent être graves voire mortelles s’il n’est pas satisfait. Par exemple le besoin de manger lorsqu’on a faim, celui de boire lorsqu’on a soif, ou encore celui de dormir lorsque l’on est fatigué. De fait, on comprend que le plus souvent, le besoin est de nature physiologique. C’est le corps qui a besoin, et non la tête. Et c’est bien là que nait la confusion. Prenons l’exemple de cette phrase, que tout le monde a prononcé au moins une fois dans sa vie : « J’ai besoin de vacances ». En réalité, non. Vous n’avez pas besoin de vacances, vous en avez envie. Ce dont vous avez besoin en revanche, c’est de vous reposer. Car il est intéressant de noter ici que les besoins sont quasiment identiques d’une société à l’autre. Vous avez besoin de vous reposer au même titre qu’un habitant des steppes mongoles peut en avoir besoin aussi. Mais lui n’estimera pas avoir « besoin » de vacances. Il aura seulement besoin de dormir. Notre société nous fait croire que nous avons besoin de vacances au même titre qu’elle nous fait penser que nous avons besoin de ce nouveau smartphone, ou de ce grand écran plat. Or le fait de ne pas l’acquérir n’engendrera pas de conséquence sur la vie mentale, émotionnelle ou physique. Ça n’est donc pas un besoin nécessaire, ça n’est donc pas un besoin du tout. De même, ne pas partir en vacances n’aura pas de répercussion sur la santé. En revanche, ne pas dormir, ne pas se reposer, peut induire des conséquences très graves. Par ailleurs, lorsqu’un besoin est satisfait il disparait. On dit donc que le besoin est limité. À l’inverse, une envie en génère une autre, puis une autre, et encore une autre. L’envie est absolument infinie, et quasi impossible à satisfaire sur la durée.
Qu’est-ce que l’envie ?
Le désir n’est ni naturel ni nécessaire. Le désir se situe dans l’avoir, la possession. Il est dans le matériel et non dans le vital. Reprenons l’exemple des vacances : ne pas s’en offrir ne mettra pas sa vie en danger. Ne pas répondre à ses envies engendre un sentiment plus ou moins fort de frustration, une certaine tristesse parfois, ou de la colère, mais en aucun cas la vie mentale, émotionnelle ou physique ne sera mise en jeu. Le désir est donc uniquement psychologique et subjectif. Et à l’inverse du besoin qui est commun à tous les peuples, le désir est conditionné par un certain environnement. Il est intimement lié à la société, à la culture et à l’époque. En réalité, le désir est directement relié au plaisir. Prenons l’exemple de la soif. La soif est un besoin vital. Tout naturellement, pour soulager ma soif je bois de l’eau. Mais si à la place de l’eau je décide d’étancher ma soif par du jus de fruit, je ne suis plus dans la réponse à mon besoin initial. Je suis dans la recherche d’un plaisir parce que j’aime le jus de pommes. En réalité, le désir est là lorsque le « luxe » du choix est possible. Le désir, l’envie, font intervenir la conscience, la représentation et l’imagination. Bien sûr, l’homme se différencie de l’animal en outre parce qu’il ne fait pas que répondre à ses besoins naturels. Exprimer ses désirs est aussi une façon de s’affirmer et de trouver sa place dans la société. Sauf que non maîtrisés, ce sont ses mêmes désirs qui peuvent faire perdre complètement pied.
Besoin ou désir, l’importance capitale du discernement
Sommes-nous manipulés par nos désirs ? Très certainement. Nos désirs sont-ils manipulés ? Oui ! En marketing, un des objectifs est de satisfaire le client sur la demande qu’il exprime. Mais le gros du travail consiste en réalité à faire émerger des désirs que le client ne connait pas encore ! Autrement dit, on ne crée pas ses désirs soi-même, ils sont consécutifs d’un germe d’idée que les industriels distillent. Faire la distinction entre ses besoins et ses désirs est donc indispensable pour ne pas être un simple objet qui répond à une forme de manipulation par de la consommation. Sommes-nous donc tous des brebis dans un enclos ? Certainement pas. Posons-nous les bonnes questions : avons-nous réellement besoin de ce que nous nous apprêtons à acheter ? Et puisque pour apprendre il faut aussi se tromper : est-ce que ce que je viens d’acheter a vraiment fait disparaitre mon « besoin » ? Si la réponse est non, c’est qu’il s’agissait en réalité d’un désir…