L’amour fusionnel, c’est sans aucun doute l’équivalent du fantasme du prince charmant commun à toutes les petites filles. Plus tard en grandissant, on comprend néanmoins que ce prince-là, il n’existe pas vraiment. Pourtant, cela n’empêche pas de rêver, d’espérer et de peut-être attendre même, un homme qui serait à la fois l’amant, le meilleur ami et la meilleure copine, le complice de chaque instant, le papa, le confident, le moteur et le but tout en un, bref, le tout, et c’est bien simple, le Monde à lui tout seul. Car ce qui caractérise un amour fusionnel, c’est bien cela : une osmose ressentie comme absolument parfaite et contenue dans le microcosme du couple qui se suffit totalement à lui-même, qui n’a besoin de rien d’autre que de l’Autre avec un grand A. En somme, une sorte de conte de fée éveillé, mais les contes de fée existent-ils ailleurs que sur le papier ?
Une relation fusionnelle peut-elle durer ?
Par définition, une relation fusionnelle ne peut exister que lorsque les deux partenaires se connaissent sur le bout des doigts. Mieux que ça même : ils ne se connaissent pas, ils se savent, d’instinct. Ils se pressentent. Si la fusion physique ne peut être qu’une image, la fusion psychique, elle, existe bel et bien. Cette symbiose, cette évidence, cette certitude inconditionnelle engendre bien évidemment un attachement aussi fort qu’il est durable. Les amoureux fusionnels parlent d’éternité, et pour eux, l’éternité n’est aucunement un concept ou une simple image. La vie est tout simplement inconcevable sans son autre. De fait, certains couples ont la chance de pouvoir vivre toute leur vie dans cette relation d’une intensité incroyable, de pouvoir s’en nourrir pendant des dizaines d’années sans jamais en souffrir.
« Souffrir », voilà que le mot est posé. Car justement, le problème ou plutôt la problématique est bien là. Les couples fusionnels qui fonctionnent et qui durent, en réalité, n’ont pas de la chance. Ils ont de l’intelligence. Car bien qu’ils ne puissent rien faire l’un sans l’autre, ils savent bien que parfois il le faut. Autrement dit, bien que perpétuellement collés l’un à l’autre, il y a un espace. Et cet espace, c’est le respect de l’autre, le respect de son individualité malgré tout, et celui de son épanouissement propre qui, de toute façon (et c’est là l’intelligence du partenaire fusionnel qui le sait bien) servira le couple.
De la relation fusionnelle à la dépendance affective, il n’y a qu’un pas…
La symbiose absolue, tant intellectuelle qu’émotionnelle, et le manque tout autant absolu ressenti lorsque l’autre n’est pas là, n’implique pas de ne pas pouvoir vivre autrement qu’à travers lui. « Vivre pour quelqu’un » n’est pas la même chose que « ne pas pouvoir vivre sans lui ». La nuance peut paraître subtile, mais pourtant elle est aussi énorme que bien réelle.
Comment dès lors savoir si vous êtes dans un amour fusionnel ou une forme de dépendance affective ? La notion d’épanouissement personnel. Si dans votre relation il vous est impossible d’accomplir quelque chose par vous-même, si dans votre relation vous vous sentez uniquement guidé par des émotions telles que la culpabilité ou la peur (que cette peur soit celle de l’abandon, de la réaction de votre partenaire, ou d’une autre peur), alors, vous êtes dans une relation de dépendance affective, qui nécessairement, deviendra un jour ou l’autre toxique.
La fusion, quelle qu’elle soit, n’est en aucun cas un enfermement. La prison dorée n’existe pas. Elle est forcément obscure. Écoutez votre petite voix intérieure. Si vous ne l’entendez plus ou que vous n’avez pas l’espace personnel suffisant pour l’entendre, alors protégez-vous.