Vous ressentez une boule au ventre, mais vous ne savez pas dire si elle vient de la tristesse ou de la colère. Tout à coup, vous sentez bien les battements de votre cœur qui s’emballent… Mais pourquoi ? Peur ou ressentiment ? Et d’ailleurs, qu’est-ce donc vraiment que le ressentiment… Votre gorge peut se serrer, elle aussi, votre tête vous faire mal, vos jambes se dérober sous vous, devenir en coton… Mais quelle émotion est à l’origine de ces manifestations physiques que vous ressentez, que vous décrivez objectivement ? Ça, impossible de le dire, parce qu’impossible de l’identifier.
L’alexithymie, un trouble qui provoque une grande difficulté, voire une incapacité, à reconnaître ses émotions et celles des autres, toucherait pas moins de 15 % de la population(1).
Alexithymie : qu’est-ce que c’est et d’où ça vient ?
Le terme « alexithymie » vient du grec lexis pour « mot » et thymos pour humeur. Il traduit un dysfonctionnement dans la régulation émotionnelle, impliquant de grandes peines à différencier et à verbaliser les émotions.
Largement observée chez les personnes souffrant de troubles du spectre autistique ou de maladies psychosomatiques (c’est-à-dire des maladies qui affectent le corps mais dont les causes sont principalement émotionnelles), l’alexithymie proviendrait d’un dysfonctionnement de connexion entre la partie du cerveau qui reçoit les émotions et celle qui les analyse et les met en mots. Un peu comme si un fil s’était cassé.
Les origines de l’alexithymie dans la jeune enfance ?
« L’alexithymie est un défaut de « mentalisation » des émotions »(1). Autrement dit, les manifestations physiques ne trouvent pas (ou très peu) leurs associations mentales.
C’est précisément ce qu’il se passe chez le tout jeune enfant : il appréhende le monde à travers son corps, mais il n’est pas encore capable d’associer ses sensations à des concepts ou à des mots. De fait et en toute vraisemblance, c’est au moment de cette évolution de l’enfant qu’il faut chercher les origines de l’alexithymie.
Le rôle crucial des parents dans l’éducation aux émotions
Car se sont bien les parents qui aident petit à petit le jeune enfant à organiser ses ressentis physiques et à leur mettre des étiquettes. Ce sont eux aussi qui lui explique que d’autres que lui ressentent la même chose. Ce sont les prémices de la sociabilisation. Concrètement, cela se manifeste dans le cerveau de l’enfant par la création de connexions.
Mais il peut arriver que les parents n’arrivent pas à accomplir cette tâche. Le père et/ou la mère peuvent souffrir de dépression, être instables ou fragiles émotionnellement, ou tout simplement être alexithymiques eux-mêmes. En conséquence de quoi l’enfant à de fortes chances de souffrir d’une carence dans son répertoire émotionnel.
D’ailleurs, il est à noter que bien souvent les personnes souffrant d’alexithymie décrivent leur environnement affectif quand ils étaient enfants comme pauvre et dépourvu d’émotions.
Encore une fois, on voit combien il est important, dès le plus jeune âge, d’apprendre à son enfant à identifier et à communiquer ses sentiments et ses ressentis à travers une communication de chaque instant. Ce sont ces échanges qui constitueront chez lui un « répertoire émotionnel » aussi riche que sain.