Il était une époque (pas si lointaine) où manger bio était un choix personnel plutôt marginal. Petit à petit mais néanmoins très rapidement, ce mode de consommation s’est répandu pour être complètement démocratisé aujourd’hui. Et alors que l’on pensait avoir trouvé le moyen de s’alimenter sainement en respectant la planète, on se met à nous parler du « manger local », qui serait mieux, qui serait plus « éco-responsable », qui serait, tout simplement plus cohérent. Ok, on comprend, d’accord. Et on est tellement décidé à bien faire que l’on trouve le moyen en tant que consommateurs de faire bio ET local. Oui mais voilà : il faudrait faire équitable aussi, et là, avouons-le, il y a de quoi se perdre un peu. Entre le désir d’une alimentation santé et un engagement écologique tout en passant par un idéal économique et politique, au final, comment on fait pour consommer responsable ?
Manger bio : qu’est-ce que c’est ?
Manger bio, c’est consommer des produits qui ont respecté dans leur mode de production le cahier des charges très strict de l’agriculture biologique. Le fondement même de cette agriculture se situe dans le respect de l’environnement et de son équilibre naturel. Ainsi, elle limite et réglemente l’utilisation d’engrais et d’éventuels pesticides, et interdit complètement les produits chimiques de synthèse et les OGM du processus de production. Dans l’agriculture biologique, l’élevage est également très contrôlé : les animaux doivent avoir suffisamment d’espace et l’ajout d’antibiotiques à leur alimentation est interdite.
De fait, la première visée de l’agriculture biologique est avant tout écologique. Mais par rebond effectivement, choisir de s’alimenter en mode bio réduit considérablement le risque d’ingérer des produits chimiques et autres pesticides. Pour autant, est-ce que manger bio veut forcément dire manger bien ? Eh bien pas forcément. On peut tout à fait ne consommer que des produits issus de l’agriculture biologique et ne pas avoir une alimentation équilibrée du tout. Et l’inverse est tout aussi possible : on peut avoir une alimentation saine et variée sans jamais faire ses courses au bio.
Manger local : qu’est-ce que ça veut dire ?
Le point commun entre le bio et le local, c’est l’impact positif d’un point de vue écologique. Car si le bio fonde son éthique sur l’absence de polluants (ou en tout cas, le moins possible), le local, lui, mise sur la réduction de l’impact néfaste du transport pour la planète. Oui mais : manger local, c’est quoi ? Manger français ? Manger seulement les produits de sa région ? Revenons donc sur la définition : on considère que si un produit a dû parcourir plus de 500 kilomètres il ne peut pas être dit « local ». Voilà au moins quelque chose de clair et de posé. Mais qu’en est-il du choix de consommer des produits proches géographiquement par rapport à la santé ?
La première chose, c’est une conséquence directe et inévitable de la proximité : si on mange local, on mange forcément de saison. Et consommer des aliments qui sont en cohérence avec l’époque de l’année regorge de bienfaits, tous les nutritionnistes le diront. Les fruits et légumes frais contiennent plus de vitamines et de minéraux que ceux cultivés sous serre quel que soit le mois de l’année. D’autre part, culture locale rime avec culture naturelle, qu’elle soit étiquetée bio ou non. On renoue donc avec le goût et les vraies saveurs des choses. Et ça aussi, le plaisir de manger, c’est important pour la santé physique comme morale. Notons également et ça n’est pas rien, que les petits producteurs locaux n’utilisent pas d’additifs alimentaires, d’huile de palme, d’acides gras trans, de colorants ou autres conservateurs commençant par le fameux E maudit synonyme de chimie néfaste pour la santé. Enfin, et c’est important de le souligner, consommer local revient moins cher puisqu’on ne paie pas le transport dont le coût exorbitant se répercute nécessairement sur le prix de vente.
Et le commerce équitable dans tout ça ?
Le commerce équitable se démarque du bio et du local car il n’a tout simplement pas les mêmes aspirations. Pour y voir plus clair, il suffit de reprendre sa définition : « Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. » On ne consomme donc pas équitable pour prendre soin de sa santé alimentaire, mais par conviction économique et politique. L’objectif ultime du commerce équitable étant d’offrir de meilleures conditions de vie et de travail aux producteurs et travailleurs des pays en voie de développement essentiellement. Néanmoins, cet engagement s’inscrit également dans une démarche éthique plus générale en incluant des exigences environnementales comme l’interdiction de substances avérées néfastes, et une meilleure gestion des déchets et du mode de packaging notamment par leur biodégradabilité.
S’il fallait conclure…
Alimentation biologique, locale ou équitable, peut-être que la solution n’est pas de choisir une seule voie mais de combiner les trois avec ce bon sens que nous possédons tous et qu’il suffit d’écouter. Car finalement, ces idéologies ne s’opposent pas. Bien au contraire, elles se renforcent l’une l’autre pour former une seule et belle aspiration : un mode de consommation durable et de qualité. Quelques pistes de réflexions :
- Revoir à la baisse ses achats et ne consommer que ce dont on a réellement besoin.
- Favoriser autant que possible les produits bio qui soient aussi locaux.
- Préférez les produits en vrac pour limiter au maximum l’abus d’emballage.
- Pour les produits nécessairement importés comme les bananes, le café ou encore le thé, opter pour les marques bio et équitables.