En février 2019, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) publiait un rapport sur l’utilisation en constante augmentation en France des traitements antidouleurs à base d’opioïdes. Aux États-Unis, ils sont déjà responsables d’une véritable crise sanitaire qui a causé pas moins de 17 000 morts en 2016. Le 15 avril 2020, l’ANSM a placé le Tramadol, un des antidouleurs dérivés de l’opium les plus prescrits sur l’Hexagone, sous étroite surveillance en limitant sa durée de prescription à 3 mois contre 1 an auparavant. Une façon de tenter d’endiguer les sérieux dégâts déjà observés sur le sol français à cause d’un mésusage de médicaments opioïdes…
L’addiction aux antidouleurs : une hécatombe pour la santé publique
En France, depuis 15 ans, les prescriptions d’antidouleurs opioïdes ne cessent d’augmenter. Molécules synthétiques dérivées de l’opium, ces médicaments permettent de soulager les douleurs aiguës et chroniques en activant les récepteurs morphiniques dans le cerveau. Elles sont donc puissantes et efficaces et permettent aux malades de cancers, par exemple, de ne pas supporter d’horribles souffrances. Mais le problème c’est que ces médicaments ont une puissance addictive plus grande que celle de l’héroïne. Le risque de dépendance et de surdosage est donc bien là. À tel point que l’on constate plus d’overdoses aujourd’hui chez les patients traités pour des douleurs chroniques que chez les consommateurs de drogues.
Dépendance aux opioïdes : tout le monde peut être touché
La puissance addictive de ces médicaments fait que personne n’est à l’abri de tomber dans la dépendance. Entre 2000 et 2017, les hospitalisations liées à la prise de médicaments antidouleurs de ce type a triplé. Et ce sont des hommes et des femmes sans aucun antécédent avec une quelconque consommation de drogue. Des individus entre 40 et 60 ans qui, confrontés à une douleur chronique à laquelle s’ajoute une dépression, des problèmes au travail ou des soucis familiaux, sombrent petit à petit dans le cercle vicieux de l’addiction aux médicaments.
Opioïdes : trop de prescriptions en France ?
Au départ, les opioïdes forts étaient uniquement destinés à soulager les douleurs des personnes souffrant d’un cancer. Aujourd’hui, ils sont prescrits pour des douleurs au dos ou encore aux articulations. 12 millions de français sont ainsi traités chaque année par des médicaments dérivés de l’opium, parmi lesquels des opioïdes forts comme l’Oxycodone et le Fentanyl.
Certains médecins, c’est certains, prescrivent ces molécules trop légèrement. Pour revenir au Tramadol qui fait aujourd’hui l’objet de plus de surveillance, il est tout de même alarmant de se rendre compte que des médecins et des pharmaciens ne savent pas qu’il est un dérivé de l’opium ! Pour autant, il revient aussi au patient d’être responsable et vigilant. Si l’on vous prescrit des antidouleurs opioïdes, voyez s’il n’y a pas d’autres solutions pour tenter de vous soulager avant.