On parle de biotope vaginal, ou de microbiote vaginal, ou encore de flore vaginale pour parler de l’ensemble des bactéries présentes dans le vagin. Car, comme dans n’importe quelle cavité ouverte du corps humain, le vagin est composé de germes dits protecteurs. On le savait pour les intestins, on commence à en tenir compte pour le vagin, et il était temps. Car toutes ces bactéries vivant en parfaite harmonie dans le seul but d’entretenir l’équilibre et la santé de notre vagin ont aussi besoin que l’on prenne soin d’elles…
Un équilibre fragile
Dès la naissance, le vagin est colonisé par une flore bactérienne qui évoluera jusqu’à la puberté et l’apparition d’œstrogènes. Les sécrétions vaginales augmentent alors et la flore de la jeune fille devient progressivement celle d’une femme. La flore vaginale d’une femme est majoritairement composée d’une bactérie appelé bacille de Döderlein, ou encore lactobacille. On peut en compter jusqu’à dix millions par millilitre de sécrétion. Et ce sont eux, ces bacilles de Döderlein, qui assurent la protection du vagin en produisant deux substances qui empêchent d’autres germes présents en moindre quantité, potentiellement pathogènes ceux-là, de proliférer : du peroxyde d’hydrogène et de l’acide lactique. C’est d’ailleurs l’acide lactique qui permet de maintenir l’acidité naturelle et nécessaire du vagin et qui correspond à un pH compris entre 3,8 et 4,5.
Certains facteurs comme le stress, une hygiène intime inadéquate ou la prise d’antibiotiques, peuvent créer un déséquilibre dans le biotope vaginal. C’est à ce moment-là que les autres bactéries ont tendance à se multiplier jusqu’à devenir pathogènes à cause de leur nombre. Parmi ces bactéries on trouve les anaérobies, les gardnerella, les mycoplasmes, les streptocoques et les staphylocoques. Lorsque la flore vaginale est déséquilibrée on parle de vaginose. Si elle est infectée et inflammée, le terme employé sera vaginite.
L’importance de la toilette intime, mais pas n’importe comment
L’hygiène intime est bien sûr fondamentale, mais encore très mal comprise. C’est qu’il faut comprendre et accepter une chose : le vagin est auto-nettoyant. En effet, c’est à ça que servent les sécrétions vaginales en expulsant à l’extérieur du vagin les impuretés et autres substances potentiellement nocives. Beaucoup de femmes essaient de faire disparaitre ces pertes vaginales pensant bien faire, mais elles se trompent. Elles vont, par exemple, procéder quotidiennement à des douches vaginales qui sont d’une violence inouïe pour le vagin et sont par conséquent à l’origine de beaucoup de déséquilibres. Les pertes vaginales, dans la mesure où elles ne s’accompagnent pas d’odeurs fortes ou de changement d’aspect, sont quelque chose de naturel, de sain, et de nécessaire.
D’autres femmes utilisent des produits d’hygiène à base d’antiseptiques. Là encore, il s’agit d’une grosse erreur. Car les produits antiseptiques détruisent les lactobacilles si bienfaisants pour notre vagin. Même en cas d’infections, il ne faut pas utiliser ces produits car ils empêchent le vagin de se ressourcer et la flore vaginale saine de se reconstituer.
Le bon geste
Afin de préserver ce cher mais délicat équilibre vaginal on choisit la douceur. Exit les douches vaginales et les produits antiseptiques donc, mais également les gels douches parfumés qui contiennent de l’alcool, les bains trop prolongés qui assèchent la vulve et les gants de toilettes qui sont de véritables nids à microbes. En réalité, un simple jet d’eau suffit…et pas plus de deux fois par jour. Le corps est bien fait, faisons lui confiance.
Et les probiotiques ?
Ils ont le vent en poupe en ce moment et on en parle beaucoup. Les probiotiques sont des micro-organismes vivants parmi lesquels il existe différentes souches de ces lactobacilles. Ils permettent de remettre de l’ordre dans le biotope (et en aucun cas de s’y substituer) pour que, à nouveau, une flore saine et équilibrée se développe. Les probiotiques sont un grand progrès dans la prise en charge des déséquilibres vaginaux et autres infections. Car ils permettent de traiter les vaginoses sans avoir recours aux antibiotiques si néfastes. Toutefois, là encore, il peut y avoir une mauvaise utilisation des probiotiques. Toute la publicité actuelle autour des probiotiques incitent beaucoup de femmes à en prendre sans raison, croyant bien faire. Mais si la flore vaginale est normale, il est inutile voire pas souhaitable d’en utiliser.
Au quotidien
Se rincer quotidiennement avec ou sans l’utilisation d’un produit doux destiné à cet usage est le seul soin à faire pour la santé de son vagin. Mais au quotidien, observer ses pertes vaginales et les sentir pour détecter tout changement d’odeur ou de forme, et également regarder de temps en temps sa vulve avec un miroir est important pour vérifier que tout va bien. Au moindre signe de changement, ou en cas de démangeaisons ou de sensations de brûlures, ne faites rien d’autre qu’aller consulter votre gynécologue rapidement.