Le syndrome du canal carpien se caractérise par une douleur dans le poignet qui peut s’étendre dans l’avant-bras ainsi que dans la paume de la main et même jusqu’aux doigts. Cette douleur s’accompagne souvent d’une perte de sensations et de fourmillements, ainsi que d’une impression de rigidité. Tout ces symptômes se déclenchent parce que le nerf médian est comprimé dans le canal carpien, sorte de tunnel où passe le nerf au niveau du poignet. La zone problématique est en réalité toute petite. Moins de trois centimètres au niveau du poignet. Toute la problématique réside dans le fait que le nerf médian et d’autres tendons doivent réussir à se placer sans se comprimer dans ce petit canal. D’où l’intérêt des étirements en yoga.
Bien sûr, les postures en charge sur les mains comme le très connu Ado Mukha Svanasana, ou Chien Tête en Bas, seront à exclure car le poids du corps sur les mains exercera une pression trop forte sur le poignet. Mais beaucoup d’autres postures permettent d’ouvrir cet espace et de travailler la mobilité du poignet.
L’autre avantage d’envisager la pratique du yoga comme une solution possible, est que la vision du yoga est de considérer le corps dans sa totalité, alors que le corps médical ne réfléchira que par rapport à la zone du poignet. Pourtant, le nerf médian prend naissance dans le creux axillaire, c’est-à-dire l’aisselle. De fait, une mauvaise posture, par exemple épaules voutées et poitrine creusée, peut être à l’origine d’une compression des nerfs bien plus haut.
Travailler la totalité de la posture, voilà peut-être le secret pour soulager ce syndrome. En yoga on dira que le fait d’ouvrir la poitrine et les épaules permet de laisser l’Energie circuler jusqu’au bout des doigts. Mais peut-être pouvons-nous le reformuler ici en disant que ce travail d’ouverture dans la posture permettra de laisser l’influx nerveux circuler à nouveau correctement.
1. Tadasana, la posture de la Montagne.
- Placez-vous debout, les pieds joints et le regard loin à l’horizon. Connectez-vous à votre respiration, et sentez comme vous égalisez le poids du corps entre le pied gauche et le pied droit, mais aussi entre l’avant des pieds et l’arrière, les talons.
- Sentez vos jambes fortes, toniques, mais détendez les fessiers et toute la région du bassin. Visualisez votre plancher pelvien (le fond de la culotte), et sentez que vous gardez le plancher pelvien dirigé entre vos deux pieds et non pas vers l’arrière. La pointe de votre coccyx doit regarder le sol, et non pas l’arrière de votre tapis.
- Imaginez ensuite que vous avez un livre posé sur votre sternum et que vous voulez soulever ce livre avec votre poitrine (sans basculer le bassin).
- En inspirant montez légèrement les épaules, puis en expirant enroulez les lentement vers l’arrière en essayant de sentir les omoplates qui glissent dans le dos et se plaquent contre la grille costale postérieure, sans se pincer. Les omoplates doivent rester larges. En faisant ça, vous devez avoir l’impression que vos clavicules sont plus longues vers la gauche et la droite.
- Allongez la nuque en imaginant que le sommet de votre tête est tiré vers le plafond par un fil. Sentez votre nuque longue, et alignée sur l’axe de la colonne vertébrale.
- Enfin, tendez fermement les bras le long du corps en laissant de l’espace entre les bras et le corps. Laissez vos aisselles « respirer ». Tournez les paumes de mains vers les hanches, et ouvrez au maximum les paumes des mains en étirant chacun des dix doigts, comme si vous vouliez les écarteler.
- Restez dans la posture immobile en respirant profondément et lentement. Essayez de visualiser l’Energie ou l’influx nerveux circuler librement depuis les aisselles jusque dans les doigts étirés.
2. Namasté, les mains jointes en prière (variation de la posture traditionnelle pour étirer le canal carpien).
- Vous pouvez rester dans la posture précédente ou bien venir vous asseoir en tailleur au sol, ou sur une chaise. Garder la colonne droite dans tous les cas, et la poitrine et les épaules placées comme décrit pour la posture de Tadasana ci-dessus.
- En gardant les coudes dirigés vers le sol et les épaules basses, amenez les paumes de mains en contact à la hauteur de votre sternum.
- Essayez de ne laisser aucun millimètre de peau de la paume des mains sans contact.
- Ouvrez à nouveau au maximum chacun des dix doigts, et placez-les dirigés vers le haut, de telle sorte que vos mains fassent un angle droit avec les avant-bras.
- Exercez une pression légère et constante des mains l’une vers l’autre, et respirez dans l’immobilité de la posture.
3. Tadasana avec une main au mur.
- Reprenez la première posture mais placez-vous de profil par rapport à un mur. Levez le bras tendu qui est du côté du mur pour amener la paume de la main et les cinq doigts écartés et étirés contre le mur, à la hauteur de l’épaule. Votre bras doit rester tendu, et le majeur de la main est dirigé vers le plafond.
- Imaginez que, tout en restant parfaitement droit dans votre posture, vous voulez pousser le mur, le faire tomber, avec toute votre paume et chacun des cinq doigts longs. Essayez de ne laisser aucun espace entre le mur et la peau de la main et des doigts.
- Cette posture peut faire apparaitre une sensation de fourmillement à l’intérieur du bras. C’est bien ! c’est que vous êtes dans la bonne posture.
- Restez le temps de quelques respirations lentes et conscientes et bien sûr, faites la même chose de l’autre côté et ce même si vous ne souffrez que d’un seul poignet.
Au quotidien et plusieurs fois par jour, n’hésitez pas à masser l’intérieur de votre poignet avec le pouce de l’autre main par des mouvements circulaires. Dans un sens puis dans l’autre. Ceci permettra de détendre régulièrement les muscles et les tendons.
Le yoga apporte une vision différente de celle de la médecine traditionnelle. Une vision globale qui vous invite à une prise en charge de l’ensemble de votre corps. Il serait dommage de passer à côté de cette alternative, car elle pourrait bien vous éviter la chirurgie, invasive et inévitablement traumatisante.