Comment ? Vous ne saviez pas que votre spatule en bois et votre fouet en inox avaient le pouvoir de vous ouvrir à une vie spirituelle, au même titre qu’un mala, un tapis de yoga ou un bol tibétain ? Blague à part et finalement, méditer c’est quoi et on le fait pourquoi ? Pour se calmer bien sûr, se déstresser, se recentrer, se reconnecter à soi. Méditer c’est (enfin !) faire taire un peu ce mental tellement bavard et qui ne dit rien d’intéressant ou presque pas ! Eh bien justement, en cuisinant, il se passe exactement tout ça. Explications…
Cuisiner implique d’être ancré dans le moment présent
Ah ! le fameux instant T. Ce Graal de tout méditant qui se respecte. Pas toujours facile de l’atteindre assis en tailleur et immobile, et encore moins évident d’y rester, de s’y installer confortablement et paisiblement. Mais si atteindre et toucher du doigt le moment présent par la concentration reste un exercice hasardeux, par la cuisine, il en va tout autrement. Lorsque vous pétrissez votre pâte, que vous remuez patiemment votre risotto ou que vous hachez finement de l’ail et du persil, vous n’avez plus besoin de le chercher cet instant présent : il s’offre à vous comme une évidence, vous êtes projeté carrément dedans !
Cuisiner permet de calmer le flux incessant du mental et des ruminations
En méditation classique, pour cela il y a l’observation consciencieuse de la respiration. En cuisine, il y a tout bonnement les recettes ! Cuisiner force à rester concentré sur une suite de protocoles à exécuter. Il n’en faut pas plus à l’esprit pour se calmer (et même pour se taire pourrait-on dire !), pour se focusser sur une tâche, et une seule à la fois. Il n’y a strictement plus aucune place pour les pensées parasitantes, celles qui sont tellement source de souffrances et de confusions à force de nous trimballer entre le passé qui n’est plus et le futur qui n’est pas encore. On est uniquement à ce que l’on fait. Faire colorer les oignons, juste faire colorer les oignons…
Cuisiner pour se reconnecter à ses propres sens
Ça aussi on nous l’apprend en yoga : se connecter à son souffle et chercher à le ressentir avec tous ses sens. Le toucher du souffle. Le son du souffle. L’odeur du souffle même ! Et avouons-le, ce n’est pas toujours évident. En cuisine, rien de plus simple que d’éveiller ses sens et de s’y connecter ! Le parfum des épices, la couleur des légumes, les ingrédients que vous malaxez directement à la main dans une jatte. Tous les sens s’ouvrent alors et c’est tout l’être qui est enveloppé de sensations à explorer, à savourer. Jusqu’à ce que la magie opère complètement : l’intuition et la créativité s’éveillent alors, et voilà qu’elles vous invitent à ajouter à votre recette un peu de cardamome, ou une pointe de curry. Un peu de vous, disséminé là… Votre participation à la ronde de l’univers. Voilà, vous y êtes : méditer, c’est tout ça !
Pour aller plus loin : « Cuisiner c’est méditer », de Dana Velden, First Editions