Directement traduit de l’anglais, « doomscrolling » veut dire « défilement morbide ». Voilà qui pose l’ambiance. Plus concrètement, le doomscrolling désigne le fait de faire défiler les nouvelles sur l’écran de son téléphone, des nouvelles à prédominance négative, et de passer une quantité de temps à les absorber largement excessive.
Cette boulimie de contenus anxiogènes, devenue dans notre société une habitude « banale », n’est bien sûr pas sans danger. En première ligne, les jeunes et les sujets dits fragiles. Mais pas seulement puisque, d’après une étude, 45 % des Français scrollent sur leur portable dès le réveil et encore sous la couette.
Entre curiosité et attractivité des plateformes numériques : le doomscrolling
Avec le café du petit déjeuner, aux toilettes, dans les transports, en faisant la queue au supermarché, dans le canapé alors que la télé est allumée, au lit juste avant de s’endormir, le pouce ou l’index fait défiler machinalement les contenus. Le plus souvent, aucun de ces contenus n’est réellement consulté. Ce qui s’égrène ce sont des titres impactants, des pitchs accrocheurs et des images choc. Sur Facebook, Twitter, Instagram, TikTok ou encore Upday, se succèdent inexorablement les évènements dramatiques en Ukraine, les actions violentes de certains manifestants, les faits divers bouleversants, les prévisions alarmantes au sujet du réchauffement climatique, la tension montante dans les 4 coins du globe, etc.
Si on observe le « doomscrolleur », aucune émotion n’apparait sur son visage. Ses yeux ne traduisent rien de ce qu’il peut ressentir. Il est comme ailleurs, comme hypnotisé. Est-il passionné ou assommé ? Difficile à déterminer. Mais dans tous les cas, sa curiosité, son « besoin » de ne rien rater de l’actualité et le pouvoir attractif de la plateforme bien étudié fonctionnent : il est captivé et il continue son scroll compulsif alors que quelque part en lui, cela fait naître une angoisse, angoisse d’autant plus vicieuse qu’elle est diffuse, un peu floue.
Le doomscrolling : une habitude dangereuse ?
Plusieurs études récentes réalisées sur des adolescents avancent que le doomscrolling serait lié à des troubles mentaux chez les jeunes, à une augmentation du stress, à des angoisses, à des insomnies et parfois à des dépressions.
Ceci dit, il est important de préciser que ce n’est pas l’activité de scroller inlassablement elle-même qui crée ces troubles. En revanche, il est clair qu’elle les amplifie et que le sujet rentre dans un véritable cercle vicieux.
Par exemple : quelqu’un d’anxieux par rapport à l’évolution du climat va chercher à prendre le contrôle sur ses inquiétudes en cherchant toujours plus d’informations à ce sujet. Et pour ça, il peut faire confiance aux algorithmes des applications numériques qui lui serviront effectivement ce qu’il cherche et bien plus. L’objectif au départ : ressentir une forme de maîtrise par la connaissance des choses, en somme, se rassurer. Mais la réalité est que c’est précisément l’effet inverse qui se produit. Sa consultation frénétique va générer de l’anxiété qui nourrira l’angoisse et la peur déjà présentes.
Quelle solution ?
Les applications numériques sont conçues pour rendre accroc en stimulant la production de dopamine. C’est exactement comme avec l’alcool !
Mais est-ce que s’interdire et/ou interdire à vos ados leur utilisation est la solution ?
Il est clair que non. La frustration ne peut être la solution à rien. Le bon réflexe à adopter est plutôt de contrôler et de réduire le temps consacré à la consultation de contenus. Une bonne piste peut être de désactiver les notifications, déjà. Puis de définir une limite de temps, et dans tous les cas de bannir l’utilisation du téléphone au saut du lit ou juste avant de dormir. Ce sont certes de petits gestes, mais ils peuvent suffire à limiter l’emprise des technologies numériques sur nos vies.
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