Selon le DSM-5(1), la prévalence du trouble d’anxiété sociale (anciennement et dans le langage courant « phobie sociale ») dans la population serait comprise entre 3 et 13 %. Cependant et en incluant les personnes souffrant de timidité, l’anxiété sociale concernerait environ 20 % de la population. Une proportion qui laisse à réfléchir…
Comment faire la différence entre une forte timidité et une véritable phobie des autres ?
Quels signes doivent vous amener à consulter ?
Y a-t-il des facteurs de risque et comment retrouver une vie normale ?
Nos réponses.
Phobie sociale : distinguer la simple timidité du trouble d’anxiété sociale
Peur du regard des autres, sentiment de gêne en public, voire de véritable honte… Tout le monde a déjà au moins une fois ressenti ça. Parce que tout le monde peut souffrir de timidité à certains moments particuliers. Une timidité plus ou moins grande selon le tempérament de la personne. Mais toujours une timidité modérée, raisonnable. Une timidité qui n’apparaît pas insurmontable pour la personne qui en fait l’expérience. Une timidité qui n’est pas handicapante au quotidien.
La phobie sociale, ou trouble d’anxiété sociale, est handicapante. Caractérisée par une peur excessive des interactions sociales les plus banales, la vie quotidienne peut devenir un véritable enfer pour une personne souffrant de phobie sociale. Aller acheter son pain, faire une démarche administrative, prendre la parole en public, prendre le bus, autant de situations apparemment simples mais qui, pour un phobique social, sont de véritables épreuves, pour ne pas dire de vraies tortures.
Phobie sociale : quels symptômes doivent alerter ?
Les premiers signes d’une anxiété sociale se déclenchent la plupart du temps dès l’adolescence. Il est important de pouvoir les repérer au plus tôt. En effet, plus la prise en charge sera précoce, moins la phobie sociale aura fait de dégâts.
Ainsi et si vous vous reconnaissez dans l’un de ces symptômes, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à consulter un psychologue spécialisé :
- Des palpitations, des tremblements, le plexus serré au moment d’interactions sociales
- L’évitement quasi systématique de relations sociales
- La faible estime de soi
- L’incapacité à passer des entretiens d’embauche, ou à assister à des réunions professionnelles
- Le recours à l’alcool et/ou aux drogues pour affronter la vie sociale via la désinhibition que procurent ces toxiques
- La dépression, parfois accompagnée d’idées suicidaires
Phobie sociale : la possibilité d’un terrain favorable
En dehors de tout traumatisme pouvant être le déclencheur d’un tel trouble, il semblerait qu’un terrain favorable à la phobie sociale puisse exister de façon précoce.
L’hypersensibilité à l’origine
On observe que certains très jeunes enfants présentent une forme d’hypersensibilité à tout ce qui peut être nouveau ou inconnu. Cette hypersensibilité engendre une réactivité excessive du système nerveux. Cela se manifeste par un rythme cardiaque plus élevé notamment.
Plusieurs études ont démontré qu’une fois à l’adolescence ou à l’âge adulte, ces enfants hypersensibles développent plus fréquemment une forme de phobie sociale.
Les facteurs environnementaux
L’éducation reçue peut, elle aussi, être à l’origine d’une anxiété sociale ou, en tout cas, y contribuer fortement. Par exemple :
- Si l’éducation insiste sur une méfiance excessive vis-à-vis des autres ou de l’inconnu
- Si l’éducation est dévalorisante pour l’enfant et ses compétences
- Si l’enfant évolue dans une famille repliée sur elle-même
Phobie sociale : comment la combattre ?
Les sociophobes sont conscients qu’ils le sont. Mais ils en ont souvent honte et peuvent ne pas oser en parler à un médecin. Pourtant, la phobie sociale est un trouble anxieux qui se soigne. Il existe des traitements reconnus permettant aux patients de reprendre littéralement le contrôle de leur vie.
Entamer une psychothérapie comportementale est donc indispensable pour désamorcer les croyances négatives sur soi-même. Mais au quotidien et en complément, certains « efforts » peuvent aider à progresser :
- Faire du sport
- Chercher le contact des animaux pour leur effet anti-anxieux (connaissez-vous la ronron thérapie?)
- Faire du bénévolat dans une association
- S’inscrire à un cours de théâtre
La liste n’est bien sûr pas exhaustive. Mais l’idée sera toujours de se souvenir que le meilleur moyen de vaincre la peur des autres, c’est de s’y confronter progressivement.
(1) Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – 5e édition