Avez-vous remarqué comme telle musique vous mettra la larme à l’œil tandis qu’une autre vous amènera dans des états proches de l’euphorie ? Eh bien figurez-vous que les neurosciences s’intéressent de près à ce phénomène : oui, certaines mélodies, certains sons, certaines chansons sont capables de générer du « feel good », de produire des « good vibes », bref de créer de la bonne humeur et même de lutter contre la dépression. Explications…
Le cerveau réagit automatiquement à la musique
Dès que le cerveau perçoit une ambiance musicale, il s’adapte quasi-immédiatement à ce qu’il interprète comme une information concernant l’environnement extérieur. C’est ainsi qu’une musique dynamique comme de la techno fera automatiquement augmenter le rythme cardiaque tandis que de la musique relaxante aura concrètement l’effet inverse. Les battements du cœur s’ajustent littéralement sur le tempo de la musique qui nous entoure. Et là où c’est encore plus fort, c’est qu’il se passe un même phénomène au niveau du « contenu » de la musique. Par exemple, une chanson triste remplie de messages négatifs aura pour conséquence d’induire un sentiment de nostalgie, de mélancolie et d’abattement, et ce même si l’on n’écoute pas réellement les paroles. Intuitivement, le cerveau comprend l’ambiance dans laquelle on le plonge, et il y répond en s’adaptant par le mimétisme. Suivant le même mécanisme, lorsque le titre est gai, enjoué et que le texte est porteur d’un message positif, notre humeur va suivre cette direction jusqu’à faire naître en nous la sensation d’être heureux.
Un chercheur en neuroscience cognitives de l’Université de Groningen au Pays-Bas, le Docteur Jacob Jolij, a même réussi à mettre au point une équation déterminant les critères qui font d’une chanson un titre « feel good ». Il a ainsi conclu que pour produire du bonheur, une musique devait avoir un tempo de 150 battements par minutes, des paroles positives, et des notes en gamme majeure (notion un peu compliquée à développer ici, à moins de se lancer dans un cours théorique de solfège qui vous barberait en 2 minutes chrono). Mais toujours est-il que cette équation a permis d’effectuer un classement des titres les plus populaires supposés donner un sentiment de joie. On y trouve, entre autres, « Don’t stop me now » de Queen, « Good vibrations » des Beach Boys ou encore le fameux « Happy » de Pharrell Williams, au top du « Feel Good Index » du Docteur Jolij, chose que le succès et l’engouement mondial pour ce titre ne fait que confirmer.
Mais pourtant, écouter une musique triste quand on est triste, ça peut faire du bien !
Si nos humeurs et nos émotions ne dépendaient que d’une équation à laquelle notre cerveau répond de façon seulement mathématique et cartésienne, ce serait trop simple et la vie serait profondément ennuyeuse ! Car il ne faut pas oublier que l’être humain fonctionne aussi beaucoup selon des données qui ne sont ni palpables ni mesurables : les affects. Eh oui ! Il ne faut pas négliger les souvenirs et les émotions associés personnellement aux musiques. Et c’est sûrement pour cela que « I will survive » de Gloria Gaynor se retrouve dans le classement des titres « feel good » du Docteur Jolij alors qu’il est composé en mode mineur et que le sens des paroles, certes dynamiques, est pourtant profondément dramatique. Mais ce titre-là nous rappelle à tous indéniablement la victoire de la France en coupe du monde de 1998, et le sentiment de liesse nationale associée. Par ailleurs, des études ont permis de mettre en évidence qu’une musique triste pouvait avoir un rôle cathartique et même participer à nous faire avancer sur le chemin de la résilience.
Quand la musique change nos comportements…
De nombreuses études inédites ont toutefois permis de prouver l’influence de la musique sur nos réactions, et ce quels que soient nos souvenirs ou émotions associés. C’est ainsi que la musique classique diminue concrètement les attitudes violentes, que la musique douce peut être qualifiée d’antidouleur (chose déjà utilisée dans certains services hospitaliers), que l’Opus 38 n°4 en La majeur de Mendelssohn rend plus altruiste et prompt à aider son prochain, ou encore que la musique techno permet d’améliorer ses performances physiques. Et tout cela, en plus d’offrir un champ d’exploration fascinant pour les scientifiques toujours avides de choses à comprendre et à maîtriser, ouvre des perspectives plus qu’intéressantes. C’est notamment le cas pour la maladie d’Alzheimer, puisqu’il a déjà été démontré que certaines musiques connues permettaient de stimuler les facultés cognitives des personnes atteintes et donc, de ralentir l’évolution de la maladie.