Dès notre plus tendre enfance, nous comprenons très vite que notre vie s’organisera autour d’une suite continuelle de prises de décisions. Et très tôt là encore, nous avons entendu cet adage « la nuit porte conseil ». Même si le monde devient de plus en plus technologique et high-tech, il semblerait que la science ne fasse que confirmer ce que nos aïeux savaient déjà d’une manière empirique : nous sommes largement influencés par nos rythmes biologiques. C’est ainsi que de récentes études démontrent aujourd’hui que quel que soit le domaine (travail, amour, famille) et quelle que soit l’importance de la décision à prendre, il ne faut pas le faire à n’importe quel moment de la journée…
L’optimisme se cultive au petit-déjeuner
On connaissait tous pour le ressentir chaque jour le fameux coup de mou d’après déjeuner. Mais de nombreuses études sur la chronobiologie et son influence sur notre humeur convergent de façon stupéfiante sur une conclusion encore plus radicale : il ne faudrait rien décider l’après-midi mais faire ses choix exclusivement le matin, juste après une bonne nuit de récupération. La dernière recherche en date nous vient directement de deux sociologues américains, Michael Macy et Scott Golder. Ces derniers ont analysé 500 millions de tweets postés par plus de 2 milliards d’individus à travers la planète. Le but ? Évaluer leur contenu émotionnel. Et le constat est sans équivoque : peu importe la couleur de la peau, l’âge, le sexe, la religion ou encore le niveau social de l’auteur du tweet, tous les messages postés révèlent que la bonne humeur, l’énergie, le dynamisme et l’optimisme sont une affaire de matin tandis que l’après-midi, le ton est incontestablement à la déprime, le moral fait grise mine et la motivation positive est en berne. Il faudra attendre le soir seulement pour que la tendance revienne au beau fixe.
Une influence chronobiologique qu’il ne faut pas prendre à la légère
Décider si oui ou non on s’achète la petite robe noire vue en vitrine la veille est une chose, mais certains choix peuvent avoir des conséquences bien plus graves s’ils ne sont pas pris au bon moment de la journée, à savoir celui de l’humeur positive, le matin, donc. Prenons comme exemple un contexte bien particulier et hautement délicat : celui d’un bloc opératoire. Des expériences ont établi que des « évènements indésirables » (jolie subtilité de langage pour qualifier des erreurs commises lors d’une opération chirurgicale) étaient largement plus fréquents entre 15 et 16 heures, tandis que la probabilité de rencontrer un problème n’est que de 1 % à 9 heures du matin. Voilà d’ailleurs une bonne décision à prendre le matin, celle de refuser de subir une intervention l’après-midi… Autre exemple et autre contexte, celui de la justice lors des remises de peine accordées ou non aux accusés. Le même type d’expériences montre que les juges sont clairement plus cléments le matin (jusqu’à 65 % de remises de peine) qu’en fin de journée (0 % ou presque). Et ce type de conclusions a été obtenu de la même manière sur les prescriptions médicales des médecins traitants ou encore sur la tonalités des conversations téléphoniques au sein des entreprises.
Il apparaît donc clairement que l’influence des moments de la journée est déterminante sur notre humeur et notre aptitude à réfléchir, à décider, à analyser et donc à agir. Preuve que la chronobiologie est bien loin de n’être qu’un concept, et qu’avant de choisir de changer de vie ou de faire sa demande en mariage, mieux vaut attendre le bon moment, celui du café et des tartines.
Pour en savoir plus : « Le bon moment : la science du parfait timing » de Daniel Pink aux éditions Flammarion