Subi ou choisi, un Noël passé seul(e) n’est pas anodin. Le proverbe dit « mieux vaut être seul que mal accompagné », soit. Néanmoins, la solitude, même acceptée, semble plus difficile à gérer à la période des fêtes. Pour preuve, SOS Amitié reçoit notablement plus d’appels à ce moment de l’année qu’à un autre, la plupart des appelants souffrant de solitude, allant parfois jusqu’à l’isolement. Il faut dire que dès mi-octobre, on en soupe de Noël.À tel point qu’il en devient culpabilisant de ne pas le fêter comme tout le monde. On sentirait presque le poids du regard des« autres », des gens « normaux », ceux qui ont une famille,alors que nous, non…
Passer Noël seul(e) : se défaire du jugement
Car oui, le jugement existe bien,lourd, pesant, dense, sur les personnes qui se retrouvent solitaires un soir de réveillon. Peu importe la raison,peu importe que l’on décide de se retrouver soi ou que simplement personne ne soit avec nous ce soir-là, être seul, c’est être abandonné pour le regard des autres. Et dans notre société, l’abandon est un méchant virus, qui plus est très contagieux. Un sacré comble à une époque où l’individualisme fait foi et où le retour à soi est plus que plébiscité, pour ne pas dire carrément vénéré. Pourquoi donc assumer de passer Noël seul est-il si mal perçu ?Peut-être simplement parce qu’assumer une différence par rapport à l’ordre des choses communément admis, ça fait peur. Ou ça fait envie ! Et si ce jugement si lourd que l’on ressent n’était que l’expression chez l’autre d’une frustration, une sorte de jalousie de l’action :« Comment fait-il lui pour ne pas être obligé de supporter les disputes et mesquineries familiales pendant des heures alors que moi, j’y suis absolument contraint ? » Finalement, si vous souffrez d’être seul à Noël, une des issues pourrait bien être juste d’inverser les points de vue. Et bien souvent, les plus malheureux ne sont pas ceux que l’on croit…
Passer Noël seul(e) : le courage d’être différent
Et surtout le courage de ne pas tomber dans d’éternelles justifications. Si vous décidez de rester solo en dépit des conventions,des « ce qui se fait » et des « ce qui doit être », vous allez être confronté à des parents vexés parce qu’ils penseront que vous portez un jugement de valeur sur eux, à une famille inquiète parce qu’ils vous imagineront au bord du gouffre psychologique. Et si vous êtes seul parce que de famille il n’y en a pas, ou plus, ou n’importe quelle autre raison, vous allez être soumis aux regards des collègues et amis, à leurs apitoiements, et peut-être même pire, à leur pitié. Quelle que soit l’origine de cette solitude un soir de fête, assumer de faire différemment des autres implique toujours une bonne dose de courage, et de détermination. Et dans tous les cas, les justifications ne doivent jamais être un prix à payer pour un fait qui n’engage que vous.
Passer Noël seul(e) : Une occasion de donner à l’autre
Tristement, c’est bien la déshumanisation qui ressort de ce phénomène. Si vous décidez de rester seul, c’est probablement parce que la liesse familiale aussi démesurée qu’hypocrite vous écœure et vous fatigue. Si vous vous retrouvez seul, c’est bien ce sentiment de perte d’humanité dans le monde qui viendra vous tordre le ventre ou la gorge. Et pourtant, c’est bien au moment où l’on prend conscience de la déshumanisation de masse que l’on devient aussi capable de lutter contre. Car être seul, c’est également être disponible. Le don de soi et l’entraide sont une façon de transformer une chose, choisie ou subie, en quelque chose de réellement porteur et constructif. Participer à distribuer des repas aux plus démunis, offrir sa compagnie à une personne âgée isolée, donner de son temps est indéniablement la meilleure façon de donner du sens. Car après tout,c’est peut-être bien de cela que manque aujourd’hui cruellement les fêtes de fin d’année.